En 1982, Milan Kundera a écrit l'un
des mes ouvrages préférés : L'insoutenable légèreté de
l'être.
Vous en avez sans doute entendu parler,
ce livre est très connu et constitue souvent le livre préféré de
beaucoup de personnes (paie ton originalité matchachocolat). Comme je l'aime
beaucoup, je n'ai pas regardé le film par peur d'être déçue et
je ne suis pas fan de Juliette Binoche.
Milan Kundera écrit: « L’amour
ne se manifeste pas par le désir de faire l’amour (ce désir
s’applique à une innombrable multitude de femmes) mais par le
désir du sommeil partagé (ce désir-là ne concerne qu’une seule
femme). »
Cette phrase m'a profondément
marqué car j'ai réalisé à quel point c'était vrai et à quel
point le désir prime sur le désir d'amour.
Dans le cadre du livre, il s'agit là
de Tomas, être ambiguë et quelque peu perdu dans ses désirs et de
Tereza, amoureuse de Tomas et qui doit composer avec la dualité de
cet être aimé et ses infidélités.
Photo de Helmut Newton |
L'insoutenable légèreté de l'être
questionne la vie en elle-même, et comme on a qu'une vie, autant en
profiter un maximum. Et c'est là que je ne peux m'empêcher de penser à ce qui m'entoure : l'absence de volonté des
hommes (et aussi de quelques femmes) de s'engager, sous prétexte
qu'ils veulent s'amuser, en profiter et pour les plus délicats « se
taper le plus de meufs possible ». Sur la blogosphère, on peut
compter par millions la retombée de ce type d'histoires.
On va passer sur les débats et
explications potentielles de la différence homme/femme en matière
de sexe. Je ne condamne pas les gens qui veulent vivre comme cela, du
moment que tout est clair. Mais moi, ce que je me demande, c'est où
est passé le respect de l'Autre ? Où est passé la capacité
de pouvoir assumer, tout simplement ?
La banalisation de la légèreté des
moeurs
« Tu devrais te taper un mec,
juste pour une nuit et ne pas demander plus ». J'ai un peu de mal quand je vois que beaucoup ne comprennent pas, que non la
légèreté des moeurs ne fera pas de toi une fille plus in, trop
libérée et trop cool. Et que non, aspirer à une relation saine, de
couple, basée sur le respect mutuel ne fait pas de toi une bonne
sœur revêche. Un de mes amis m'a dit une fois « tu es conservatrice en amour» et ça sonnait dans sa bouche comme une
profonde critique. Depuis quand c'est mal de vouloir une relation sur
la durée?
Ce n'est pas tant ce refus de s'engager et cette volonté d'une aventure nocturne qui me choque, c'est le vocabulaire employé pour parler
des femmes et les critères qu'ils ont défini. Je te prends en CDD,
sans période d'essai, parce que tu vois le CDI ça suppose de
s'engager et ça j'ai pas envie.
Parce qu'avouons-le, ceux qui prônent
ce mode de vie, ne sont pas franchement des apollons. Ils parlent des femmes comme un vulgaire morceau de viande seulement
nécessaire à leurs pulsions, qu'on prend le temps d'une nuit et
qu'on jette le lendemain pour passer à la suivante. Elles ne se résument qu'à « elle est bonne, je prends », « elle
est moche, je passe ». On est pas chez le boucher les mecs.
Mais, est ce qu'ils se sont bien
regardés ?
Parce que quand on regarde plus attentivement, il y a bien plus souvent plus de jolies femmes que de beaux mecs. L'un de mes amis a une fois dit « Non mais une fille belle, c'est normal, y'en a plein, c'est même plus un critère, c'est la base ». Il faut qu'elle soit en plus intelligente, drôle, pas chiante, sportive, sexy etc..
Wait. What??
Parce que quand on regarde plus attentivement, il y a bien plus souvent plus de jolies femmes que de beaux mecs. L'un de mes amis a une fois dit « Non mais une fille belle, c'est normal, y'en a plein, c'est même plus un critère, c'est la base ». Il faut qu'elle soit en plus intelligente, drôle, pas chiante, sportive, sexy etc..
Wait. What??
Et du côté des nanas, on a quoi nous? Ben pas grand chose. Alors forcément je
crois qu'on se rabat sur qu'il y a, et ce qu'il y a, c'est pas
franchement top. La balance de l'offre et de la demande ne pèse pas
en faveur des femmes.
La banalité de ce procédé s'est
imposée dans notre société et les filles en ont accepté les
règles du jeu avec l'espoir qu'avec elle « ça sera pas pareil », qu'elle « le fera changer », toujours
à la conquête du « celui-là il est différent des autres ».
Pour déchanter quelque temps plus tard et rester sur le carreau.
Combien d'amies j'ai vu dans cet état-là.
De nombreux sociologues se sont penchés
sur la question du couple de nos jours, du concept de l'amour. Le
couple est censé libérer, permettre de s'accomplir tout en restant
autonome. Ca relaie l'image que l'on veut donner de soi aux autres.
Aujourd'hui on veut réussir son couple comme on réussit sa carrière
professionnelle. L'échec n'est plus permis.
Si ça ne marche pas avec cette fille,
c'est pas grave, next, y'en a des tonnes derrière. Facebook, les bars, les potes, les sites de rencontres, c'est plus
trop dur de trouver la suivante.
On compare, on teste, on jette. On
consomme l'Autre, comme on consomme n'importe quel autre produit.
Exit l'Iphone 4, on passe à l'Iphone 5. Bonjour société de
consommation relationnelle. Mon « moi » prime avant le
« nous ».
Si l'Autre ne correspond pas à notre
idéal, alors il dégage. On peut trouver mieux. On ne fait pas de
concessions, c'est trop dur, ça prend du temps, ça prend la tête
et pourquoi s'emmerder quand il y a tant de choix ? Je finirais
bien par tomber sur la bonne, sans trop d'efforts.
Il y a du choix, certes. Mais cette
entente si particulière qui donne envie de rester plus d'une nuit
et de partager son sommeil, ne se trouve pas tous les jours. Et quand on a la chance de tomber dessus, on devrait y prêter plus d'attention La
perfection n'existe pas. Cette entente demande parfois des
compromis et de faire une croix sur ces illusions qui n'existent que
dans leur imaginaire de mâle. Ca suggère de vouloir s'abandonner,
d'accepter cette plongée dans l'inconnu et d'arrêter de vouloir
tout contrôler. Mais ça, ils l'ont un peu perdu de vue.
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