samedi 11 janvier 2014

Rien n'est trop beau pour vous

Rien n'est trop beau (The Best of Everything pour les anglophones) est un roman écrit par Rona Jaffe en 1958. Le titre est tiré d'une offre d'emploi trouvée dans le New York Times

"Pendant ces nuits étouffantes de l'été 1952, cinq jeunes filles, au moins, demeuraient éveillées à penser à l'amour et à leur carrière et à se poser mille et une questions, chacune à sa manière." 

Olala, mais ça ressemble à aujourd'hui tout ça!
Alors ça parle de quoi?
C'est l'histoire de filles dans les années 50, à ce moment fragile à la frontière de la vie convenue attendue d'elles et de l'émancipation de la femme. C'est l'histoire de leurs rêves, de leurs conditions, de leurs espoirs et désillusions.


On y retrouve l'atmosphère de Mad men, avec une armée de dactylo régit par une bande de patrons macho/mâle qui n'hésite pas à tapoter de la cuisse entre deux dossiers. Mélanger ça avec du sex and the city plus soft, ça vous donne Rien n'est trop beau.
Sans tourner à la sociologie académique, l'auteur mêle habilement les recueils des interviews effectuées avec le style romancé. 

Et finalement, certaines choses ne changent pas.
Le rêve de la robe blanche et du prince charmant sont toujours d'actualité. Si la cloche de l'église est censée retentir vers les 30 ans, à cette époque on s'y met déjà avant 20.
On a le côté obscur de l'amour aka la célibataire qui doit absolument se caser sous peine de lynchage social et de se faire traiter de pauvre fille.
Et attention, c'est la minute pragmatique: la recherche d'appart à New-York à cette époque est autant un enfer que dans notre Paris actuel. Bouh, on y arrivera jamais.

Aussi différentes que soient leurs personnalités, elles doivent toutes se battre pour se faire une place dans leurs boites, univers où le pouvoir est forcément masculin et le respect en-dessous de la ceinture. Dompter la ville de la Grosse Pomme. Eviter à tout prix le style de la provinciale pour se fondre dans le costume de la new-yorkaise sophistiquée.
Leurs rêves désillusionnés de l'amour font échos aux nôtres. Les excuses foireuses des mecs n'ont pas changé. Tiens, ça me fait penser à ça.

Alors, qu'est ce que j'en ai pensé ?
J'ai trouvé ça plaisant mais pas fascinant non plus. J'avais lu cet article du Guardian qui m'avait donné envie de le lire (elle est forte la dame) et puis finalement, pas plus d'emballement que ça. Le style est plaisant mais le contenu trop vu. Rien n'est trop beau fait parti de ces ouvrages qui ne sont pas fantastiques mais qui vous empêchent de fermer le livre.
Sachant que l'auteur avait fait en quelque sorte un travail de recherche préalable, je m'attendais à en apprendre davantage sur la vie et les conditions des femmes à cette époque. Une époque où l'on ne disait pas que l'on avait perdu sa virginité avant le mariage, où l'avortement et le harcèlement sexuel étaient tabous et une femme ne pouvait songer sérieusement à une carrière professionnelle.
Bref, j'avais envie d'allier l'apprentissage ludique à un bon moment de lecture.
Mes attentes n'ont donc pas été comblées.
Mais je suis un peu sévère. Il faut surtout remettre ce livre dans son contexte. A cette époque cet ouvrage a fait grand bruit car très novateur en la matière. Aujourd'hui on a passé la seconde, voir même la quatrième, on est plus trash.

Finalement c'est un peu la base de la chick litt version moins populaire.
Et si justement vous en avez assez de la chick litt d'aujourd'hui, plongez donc dans ce roman. C'est au-dessus d'une Sophie Kinsella mais ça ne vous bouleversera pas comme Anna Karénine. Bref, ça sera très plaisant à lire lors d'un voyage ou à la plage.

Extrait:
"Maintenant elle savait ce qu'elle était venue chercher à New-York. Non pas une carrière mais l'amour. Le succès en amour était tout aussi important que le succès dans une carrière...plus important encore pour une femme. S'il y avait une chose au monde plus importante que l'amour, songea April en jetant un regard furtif à Dexter, elle ne savait vraiment pas ce que cela pouvait être."

Finalement, quelque soit l'époque, les aspirations amoureuses se ressemblent toujours un peu...!

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